Cover image CC Tom Hartley at Wikipedia
Le 13 décembre 2021, nous avons eu une conversation avec un citoyen afghan vivant au milieu du corridor du Wakhan. Il indique que la situation, sous l’ordre taliban, est calme et sans violences. Mais il fait aussi part des difficultés rencontrées en raison de conditions de subsistance dégradées. Il partage ses inquiétudes, quant au fait que le contexte actuel n’offre pas de perspectives pérennes pour l’avenir.
Bien que nous connaissions personnellement cet interlocuteur et que nous n’ayons aucune raison de remettre en cause son témoignage, nous tenons à souligner que nous n’avons pas eu la possibilité de vérifier ses déclarations, sachant que la perception de la réalité peut différer d’une personne à l’autre, surtout dans une région isolée et segmentée, confrontée à l’hiver et à de mauvaises possibilité de transmission. Il se peut aussi que nous ayons mal compris ce qui nous a été dit oralement. Nous partageons néanmoins les nouvelles que nous avons reçues pour ceux qui se sentent concernés par le sort du lointain corridor afghan du Wakhan. Le texte de cet article a été relu par l’interviewé.
Une situation non conflictuelle
Les talibans, dans le corridor du Wakhan, sont des talibans tadjiks du district de Warduj (province du Badakhsha). Ils sont basés à Khundud (également orthographié Khandud, moyen Wakhan). Ils entrent peu fréquemment dans les villages du Wakhan. La communication est possible entre la population locale et les talibans. Il y avait déjà eu des contacts par le passé, avant la chute, entre Warduj, sous le régime taliban, et le corridor du Wakhan, sous le régime de la République. De plus, il n’y jamais eu d’actions militaires dans et depuis le Wakhan contre les talibans. Un certain niveau de confiance existe donc des deux côtés.
Warduj
Khundud
Une vie difficile et des inquiétudes pour le futur
D’après ce qui est présenté ci-dessus, les habitants ne craignent pas pour leur vie. Mais le prix des produits de base est très élevé, tandis que les revenus ont baissé. La monnaie afghane par rapport au dollar est faible. Toutes les frontières du Wakhan sont fermées avec le Tadjikistan, la Chine et le Pakistan, en raison de décisions politiques ou en raison des conditions météorologiques. Même le col d’Irshad (4 977 m) est inaccessible en raison du niveau de la neige. Les gens s’inquiètent pour l’avenir. La situation actuelle est calme mais n’est pas durable sur le long terme pour des questions telles que la situation économique, l’éducation, etc. De plus, il existe des inquiétudes quant au fait que le contexte pacifique pourrait devenir moins stable.
Frontière d’Ishkashim entre le Badakhshan Tadjik et le Wakhan afghan. Le marché du no man’s land est vital pour le commerce entre les deux communautés. Il est fermé.
Le col d’Irshad (4 799 m) entre HautWakhan/Pamir et la vallée de Chipurson (Pakistan) est fermé.
Le problème de l’environnement
Si les talibans décident d’abattre la faune protégée, personne ne pourra les arrêter. Mais, de nos jours, le chef des taliban du Wakhan s’oppose à la chasse illégale. Les talibans s’opposent également à la collecte de bois ou de buissons dans la montagne, pour contenir l’érosion. Cependant, avec les déjections animales, c’est le seul combustible disponible. Il n’y a ni électricité ni gaz dans le Wakhan.

Frictions frontalières avec le Pakistan, conséquences pour les locaux
A Broghil, l’armée pakistanaise a construit trois poteaux frontaliers en béton. Des ouvriers wakhis locaux ont été embauchés pour cette construction. Les poteaux sont érigés à 300 mètres à l’intérieur du Wakhan afghan. Les talibans veulent punir les travailleurs wakhis impliqués dans ce travail.
Le col de Broghil (3 882 m) est l’un des deux cols (avec le col d’Irshad) entre le Wakhan afghan et le Pakistan.
One thought on “Corridor afghan du Wakhan: pas de violences talibanes mais une survie délicate et des inquiétudes pour l’avenir”